C’est fait ! Armel Tripon et Vincent Barnaud ont franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre à 9H 19 min et 22 sec en heure française ce vendredi 17 novembre à Salvador de Bahia (Brésil) après 11 jours 19 heures 44 minutes et 22 secondes passées en mer. Ils ont parcouru 4 728 milles à la moyenne de 16,66 nœuds. C’est une grande première transatlantique pour RÉAUTÉ CHOCOLAT, quelques mois seulement après son arrivée dans la classe Multi50. Les objectifs ne sont pas seulement atteints, ils sont largement dépassés. Bravo !

 

Podium ! Contrat plus que rempli pour Armel Tripon et Vincent Barnaud qui viennent de conquérir la troisième place de la Transat Jacques Vabre à Salvador de Bahia, au Brésil, en moins de douze jours à grande vitesse à travers l’Atlantique. Les deux navigateurs basés à la Trinité-sur-mer, respectivement skipper et boat captain du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT, se sont entendus à merveille pour signer cette performance au terme d’une course magnifique, excessivement dure lors de sa première semaine, avec deux tempêtes successives à affronter. Armel voulait « d’abord terminer, c’est l’objectif numéro un » disait-il avant la course. C’est fait… et le podium en prime est une superbe cerise sur le gâteau (au chocolat, évidemment) pour ces deux marins qui ne font que débuter en multicoques et dans cette catégorie si excitante des Multi50. Interview de marins heureux !

 

Armel, bravo ! Quelles pensées as-tu en tête en ce moment, juste après avoir franchi cette ligne d’arrivée qui était le grand objectif de cette première saison en Multi50 à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT ?

« C’est extraordinaire, on a le sentiment du travail bien fait ! C’est une très belle satisfaction pour toute l’équipe, pour le projet, pour toutes celles et ceux qui nous soutiennent. Si on reprend l’histoire depuis le début, l’aventure est toute récente mais déjà très belle : on met le bateau à l’eau au mois d’avril, on gagne deux courses sur quatre et on termine la saison avec un podium sur la Transat Jacques Vabre… on ne peut qu’être très très contents ! En plus c’est notre première transat avec le bateau, c’est une première pour moi en multicoque, une première pour Vincent aussi, une première toujours pour mon partenaire RÉAUTÉ CHOCOLAT, une première avec l’aide d’un routeur (Christian Dumard). On termine, on arrive de l’autre côté et il y a en plus le podium au bout… que demander de plus ? C’est du bonheur ! »

« Une grosse cavalcade à travers l’Atlantique »

Et en plus de cette grande joie, que retiendras-tu de cette course ?

« Que c’est ma 19e transatlantique et je n’étais jamais allé aussi vite ! Traverser l’Atlantique en moins de 12 jours à la voile, c’est juste fabuleux ! Il y a quelques heures encore on se faisait des pointes à plus de 30 nœuds… C’était juste une grosse cavalcade à travers l’Atlantique ! Je crois que pour la Classe aussi c’est inouï, on montre que les Multi50 sont des bateaux extraordinaires. En termes d’engagement, c’est peut-être la course la plus intense que j’aie jamais faite, encore que la Route du Rhum en IMOCA (4e) n’était pas mal non plus de ce point de vue-là.

Quels ont été les moments forts pour toi ?

« Honnêtement, la première nuit a été très stressante : le début de course était engagé et au stress du départ s’ajoutaient une mer cabossée, des grains avec plus de 30 nœuds de vent, le passage délicat du raz Blanchard… avec l’appréhension de partir un peu dans l’inconnu, c’était un décor un peu inquiétant tout ça, tout de même. Et il y a eu le passage du front la deuxième nuit, où on décide de jouer la sécurité, mais où on se rend compte aussi qu’on ne passe pas si mal que ça dans la mer. Toute la descente de l’Atlantique, le rythme a été dingue. C’est fabuleux d’enchaîner les 400, 450 milles par jour, de voir les archipels qui défilent ! Il y a eu de grands moments de bonheur dans les surfs… et du stress aussi, je ne le cache pas : quand on apprend que Drekan qui n’était pas bien loin derrière nous, chavire quelques instants après qu’avec Vincent on avait décidé de réduire la toile, ça met un coup, ça rappelle à l’ordre. »

Et puis il y a cette ligne d’arrivée, dans un endroit chargé d’émotion pour toi…

« Je n’étais pas revenu ici depuis la Mini Transat 2003 ! A l’époque, je découvrais que j’avais gagné, on n’avait pas de moyen de communication et c’est un journaliste à l’avant d’une vedette qui me l’avait crié : ‘T’as gagné ! T’as gagné !’ C’est un souvenir dingue. Aujourd’hui, cette arrivée et ce podium ont vraiment une saveur particulière pour moi et c’est sympa comme clin d’œil puisque c’est ici que tout a commencé dans ma vie de coureur au large, voilà quatorze ans. Je ne pensais pas revenir comme ça un jour d’aussi belle manière, à la barre d’un beau Multi 50… »

Un mot sur les deux duos qui précèdent RÉAUTÉ CHOCOLAT sur le podium ?

« Lalou et Alex ont fait une transat magistrale, avec une manière de mener le bateau extraordinaire. Après on n’avait ni le même vécu ni les mêmes objectifs qu’eux et je n’aurais jamais attaqué de cette manière… mais on va progresser et dans deux ans, ce sera différent (rires) ! Ils ont fait une super belle trajectoire, il faut saluer aussi Karine Fauconnier qui les route à terre et a fait un super boulot. Erwan et Vincent eux aussi ont très bien navigué, ils ont manqué de réussite au niveau du Pot au noir, mais bravo aussi à eux. Bien sûr on avait l’envie de jouer avec eux ou d’essayer d’être plus proches… mais c’est bien aussi, ça nous permet de mesurer la progression qu’il y a à faire pour arriver à leur niveau de jeu sur ce genre d’exercice. Le tout ouvre de belles perspectives pour la Route du Rhum, à laquelle on a beaucoup réfléchi pendant la traversée avec Vincent. »

Et le bateau arrive au Brésil en excellent état…

« Ah oui ça aussi c’est un point extrêmement positif : on n’a rien cassé, rien ! S’il faut vraiment trouver quelque chose, ce serait des billes du chariot de grand-voile à changer… et c’est tout ! Le bateau pourrait repartir en course dans l’autre sens dès demain s’il le fallait. C’est plutôt rare après une course aussi engagée. Et ça veut dire que les préparateurs ont fait un boulot remarquable… il faut leur rendre hommage aussi ! »

Quel est le programme brésilien à terre pour vous deux maintenant ?

« On va retrouver un peu de monde, je crois : notre partenaire, une partie de l’équipe, les autres concurrents… Je pense qu’on va s’autoriser quelques caïpirinhas et faire un peu la fête pour évacuer tout ce stress accumulé ! Parce que mine de rien, ce sont des bateaux avec un niveau d’engagement que je n’avais pas connu jusque-là. On peut naviguer ‘safe’ avec un Multi50, mais quand il faut attaquer c’est forcément parfois sur le fil et il faut vraiment bien doser ce curseur. Bref, on va profiter deux ou trois jours je pense… »

 

Vincent Barnaud : « envie de remercier tout le monde ! »

« Sans même parler du classement, cette arrivée c’est une sensation inimaginable. Voilà quatre ans j’étais le préparateur d’Yves Le Blévec… et je ne réalise toujours pas que là c’est moi à bord ! J’ai envie de remercier tout le monde, Armel d’abord qui m’a fait confiance, le sponsor RÉAUTÉ CHOCOLAT, toute l’équipe… franchement c’est un plaisir total ! Traverser l’Atlantique comme ça, c’est quelque chose. Après, c’est engagé, ce ne sont pas les bateaux les plus confortables et il y a parfois de grosses montées d’adrénaline. Avec Armel, on aurait forcément aimé taquiner un peu plus les deux de devant, mais ils ont aussi beaucoup plus d’expérience que nous et il n’y a pas de regrets à avoir. Ce podium, il fait plaisir ! Armel et moi on a réussi je pense à naviguer comme on sait faire, sans nous prendre pour d’autres que nous ne sommes pas, en plaçant les curseurs au bon endroit, je pense. Le bateau arrive en super état et pour le technicien que je suis, grâce au travail de toute l’équipe, c’est une très belle satisfaction aussi. Un de mes atouts avant le départ était aussi d’être le monsieur bricolage du bord… de ce point de vue-là j’espère qu’Armel ne va pas être trop déçu : on n’a pas sorti une seule fois la caisse à outils ! Pas une seule fois ! »

Armel Tripon embarque Vincent Barnaud

C’est avec son boat captain Vincent Barnaud qu’Armel Tripon disputera la Transat Jacques Vabre à bord du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT. Parfaitement complémentaires, les deux hommes ont une belle carte à jouer sur cette légendaire transat en double.

C’est Vincent Barnaud, marin breton de 40 ans (il vit à Saint Philibert, près de la Trinité), qui sera l’équipier d’Armel Tripon sur la Transat Jacques Vabre. La célèbre transatlantique en double s’élancera le 5 novembre prochain du Havre. Au menu : 4350 milles nautiques à destination de Salvador de Bahia (Brésil). Il faudra donc négocier la sortie de Manche, le golfe de Gascogne, la position de l’anticyclone des Açores puis le célèbre Pot au Noir et son alternance de vents erratiques et de grains violents. Soit une douzaine de jours de mer environ pour les Multi50, classe au sein de laquelle Armel Tripon et Vincent Barnaud peuvent nourrir des ambitions, puisqu’après seulement quatre mois de navigation à bord du multicoque à foils RÉAUTÉ CHOCOLAT, ils ont montré qu’ils étaient au niveau des meilleurs, notamment des équipages pourtant plus expérimentés de Erwan Le Roux et de Lalou Roucayrol.

La complémentarité au service de la performance

« Vincent connaît parfaitement le bateau puisqu’il était dans l’équipage d’Yves Le Blévec pendant deux saisons (RÉAUTÉ CHOCOLAT est l’ex-Actual, ndr) explique Armel Tripon. Mais aussi parce qu’il a organisé avec moi tout le chantier d’hiver (dont l’implantation des foils) et qu’il n’a manqué aucune des navigations depuis. Nous sommes très complémentaires notamment parce que son passé d’ingénieur fait qu’il a une approche très cartésienne, très rationnelle. De plus, humainement c’est quelqu’un de très calme, très posé, très serein… des qualités qui sont précieuses à bord de ces bateaux. On fonctionne bien ensemble. »

Comme Armel Tripon, Vincent Barnaud est venu à la compétition via la classe Mini. Il a notamment terminé 6e de la Mini Transat 2007. Comme Armel aussi il a navigué en Class40, par exemple avec Stéphane Le Diraison (victoire dans Les Sables-Horta en 2011). C’est donc aussi un excellent régatier et « sa motivation est à plus de 100% » assure Armel Tripon, « je m’en suis bien rendu compte sur les quatre courses en équipage que nous avons courues jusqu’ici ». Vincent Barnaud confirme : « je suis super heureux de traverser l’Atlantique avec Armel à bord de ce bateau que je connais bien. J’ai déjà traversé l’Atlantique, mais jamais encore en multi, ce sera une expérience forcément enrichissante. C’est super, nos bateaux sont faits pour ça et je pense que nous avons une belle carte à jouer, des atouts à faire valoir. » Comprenez que les deux hommes comptent bien ne pas faire de la figuration !

Qualification la semaine prochaine

Armel Tripon et Vincent Barnaud partiront en qualification pour cette Transat Jacques Vabre dès la semaine prochaine à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT, pour un parcours de 1500 milles nautiques, soit trois à cinq jours de navigation. Le parcours sera à adapter en fonction de la météo, évidemment, mais « pour l’instant, je nous vois bien descendre au cap Finisterre (Espagne), puis remonter vers le Fastnet (Irlande) », explique Armel Tripon. « L’idée est d’aller chercher des vents soutenus et de la mer formée pour éprouver à la fois les marins – nous, donc – et le bateau dans des conditions plus musclées que celles que nous avons connues jusqu’ici. »

Sage précaution quand on sait qu’avec un départ début novembre, il est fort rare de ne rencontrer que des mers et des vents calmes et confortables sur la Transat Jacques Vabre… La suite du programme sera constituée d’un peu de modifications sur le bateau – on va notamment reculer les sièges de barre pour qu’ils soient plus adaptés à la morphologie d’Armel et Vincent – puis du Grand Prix des Multicoques à Saint Quay Portrieux fin août. Ensuite, en septembre et octobre, l’accent sera mis sur les entraînements en double en vue de la Transat Jacques Vabre avec Tanguy Le Glatin qui s’occupera de la préparation sportive des deux marins de RÉAUTÉ CHOCOLAT engagés dans cette belle aventure transatlantique.

Palmarès 2017 : vainqueur du Tour de Belle Ile, 3e du Grand Prix Guyader, vainqueur de l’ArMen Race Uship, 2e du Record SNSM

RÉAUTÉ CHOCOLAT 2e du Record SNSM… et à la fête pour The Bridge

Magnifique fête à Saint-Nazaire ce week-end où le Record SNSM se conjuguait avec The Bridge, l’événement hors catégorie dont RÉAUTÉ CHOCOLAT est également partenaire et qui voit s’affronter sur l’Atlantique Nord quatre trimarans Ultimes et le fabuleux paquebot Queen Mary 2. En Multi50, Armel Tripon et son équipage se sont offert une place d’honneur de plus à l’occasion du Record SNSM. A l’inverse de l’ArMen Race que RÉAUTÉ CHOCOLAT avait gagné, cette fois c’est Erwan Le Roux – ami et grand rival d’Armel – qui s’est imposé.

Armel, comment s’est passé ce Record SNSM qui se termine encore par un podium pour RÉAUTÉ CHOCOLAT, décidément abonné aux victoires et aux belles places ?

« C’était vraiment intéressant : nous avons fait 24 heures de course au contact entre nous et les bateaux d’Erwan (Le Roux) et de Lalou (Roucayrol). La course a commencé par un long louvoyage jusqu’à l’Occidentale de Sein avec une petite option à prendre en baie de Quiberon. Il y a eu en quelque sorte une séparation de trafic : avec RÉAUTÉ CHOCOLAT nous sommes passés entre Houat et Belle-île, alors qu’Erwan est passé carrément dans la baie de Quiberon et il est ressorti en tête… C’était probablement une petite erreur de notre part. Mais je suis quand même très content de terminer ce Record SNSM à la deuxième place, ça valide encore un peu plus le projet et montre que nous sommes compétitifs. »

On a eu l’impression que l’équipage d’Erwan Le Roux vous marquait un peu « à la culotte », non ?

« Ah oui ! Dès qu’on virait de bord, Erwan virait aussi pour nous marquer. Il a exercé un contrôle permanent sur nous, c’était assez clair… Et il a bien joué le coup ! C’était une course de marquage, Erwan voulait absolument la gagner et il l’a fait de belle manière, il n’y a rien à dire à part bravo à lui. Sincèrement, je suis content pour lui qu’il ait gagné : il était très motivé et il a réussi. »

Après avoir viré la marque de l’île de Sein, il y a eu un bord vraiment rapide qui devait être sympa à vivre à bord avec tout l’équipage…

« A l’île de Sein nous sommes toujours deuxièmes, à environ 5 milles du leader. Et oui, à ce moment-là, la navigation devient vraiment euphorisante car après douze heures de près pas très agréables où le bateau tapait un peu dans la mer, nous sommes partis au vent portant, sous gennaker (grande voile d’avant) et tout en glissades, d’abord vers les Glénan puis vers le plateau de Rochebonne. Là, on naviguait entre 20 et 23 nœuds tout le temps et le foil faisait son œuvre. Au niveau de l’île d’Yeu, à la faveur d’une petite molle nous avons réussi à revenir sur Erwan… Mais Lalou Roucayrol revenait aussi sur nous ! Après avoir enroulé la marque de Rochebonne, on repart en route directe vers St Nazaire au reaching et on finit très fort pour venir couper la ligne d’arrivée seulement six minutes après Erwan. C’était un beau finish ! »

C’était la première fois que vos Multi50 s’affrontaient en étant équipés de leurs deux foils. Tes impressions ?

« Maintenant le bateau est symétrique ! Ce qui est sympa c’est qu’on commence à mieux maitriser : on a affiné nos repères, nos réglages, nos sensations avec ces foils. Plus on navigue avec eux et mieux on sait les utiliser. Il y a une sensation de progression vraiment agréable. D’autre part, nous avons énormément progressé sur les manœuvres par rapport au tout début de saison. Nous avons trouvé une nouvelle organisation pour manœuvrer qui est bien plus rapide et bien plus efficace qu’il y a encore quelques semaines. Et ça c’est très intéressant pour la suite. »

Tu es un fidèle du record SNSM… Et te voilà maintenant embarqué sur The Bridge, cette fois à bord du Queen Mary 2 qui va rallier St Nazaire à New York. On imagine que ça te change un peu des transatlantiques humides à bord des bateaux à voile !

«RÉAUTÉ CHOCOLAT est partenaire de The Bridge… et ils ont décidé d’inviter leur skipper – en l’occurrence, moi – à bord du Queen Mary 2, où je prends ma casquette de consultant course au large et de relations publiques. Je mentirais si je disais que ce n’est pas agréable. Quant à savoir si ça me change, la réponse est oui ! C’est la dix-neuvième fois que je traverse l’Atlantique sur un bateau, mais c’est bien la première fois que je vais dormir dans un vrai lit confortable en faisant des nuits de huit heures ! C’est bien agréable en attendant de reprendre du service avec le Multi50 sur le Grand Prix des Multicoques à Saint Quay-Portrieux…»

Nouvelle victoire pour le Team RÉAUTÉ CHOCOLAT !

Et qu’elle est belle cette victoire ! Parti hier de La Trinité sur mer pour l’ArMen Race Uship, l’équipage du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT remporte la course au terme d’une bagarre intense avec ses concurrents, Arkema de Lalou Roucayrol et FenêtréA-Mix Buffet d’Erwan Le Roux. Troisième hier soir après le départ, le Team RÉAUTÉ CHOCOLAT d’Armel Tripon s’est emparé de la tête de flotte cette nuit, pour ne plus la lâcher jusqu’à l’arrivée. Bilan : troisième course, deuxième victoire pour le petit nouveau de la Classe Multi50… De bon augure pour la suite !

Armel Tripon explique à l’arrivée au ponton : « Je l’ai bien sentie cette course ! Ça a été une bagarre intense avec Lalou Roucayrol et Erwan Le Roux dès le départ, avec une passe d’armes régulière jusqu’à Penmarc’h. On était une fois en tête, une autre fois deuxième ou troisième. Après la marque de parcours à Sein, nous avons décidé de prendre une route différente des autres pour tenter de se détacher. Ça nous a permis de prendre l’avantage et de le garder jusqu’à la fin. Sur la fin du parcours, les zones de pétole ont ajouté du stress à la bagarre mais le résultat est là. L’équipage a une nouvelle fois été fabuleux, optimisant les réglages, peaufinant les trajectoires ; nous avons eu une belle cohésion de groupe avec des décisions prises collégialement. C’est une nouvelle victoire pour le Team RÉAUTÉ CHOCOLAT, c’est vraiment sympa de partager ça avec toute l’équipe, je suis super content ! »

Armel Tripon : « Nous sommes sur la bonne voie »

Une semaine après la victoire sur le Tour de Belle-Ile, RÉAUTÉ CHOCOLAT enchaînait ce week-end à Douarnenez sur le Grand Prix Guyader, alternance de parcours côtiers et de runs de vitesse. Là encore, tout s’est passé à merveille pour l’équipage d’Armel Tripon, qui termine 3e au classement général et signe le meilleur run de vitesse. Bilan par thèmes avec Armel Tripon…

Le bilan sportif

« On termine troisièmes au général, ce qui est très bien car n’oublions pas que nous sommes encore en phase de découverte du bateau ! Nous avons fait de belles choses : nous avons souvent été en tête, nous avons gagné une des courses côtières et potentiellement, sans de petites erreurs de jeunesse, nous pouvions faire mieux encore. Ce que je retiens surtout c’est que ce n’est que notre deuxième compétition et que nous ne sommes pas du tout ‘à la rue’, comme on dit, mais au contraire parfaitement dans le match. Nous sommes en permanence en lutte rapprochée avec Erwan Le Roux et Lalou Roucayrol, qui ont beaucoup plus d’expérience que nous dans cette classe. Bref, c’est vraiment très très positif. Cela veut dire que nous sommes sur la bonne voie et aussi que nous ne nous sommes pas trompés dans toutes les améliorations apportées au bateau pendant le chantier d’hiver. »

Record des runs : 29,5 nœuds de moyenne et une pointe à 36,6 !

« La journée de vendredi a été époustouflante, dans des conditions très musclées : 25 nœuds de vent moyen et des rafales à 33 nœuds. C’était chaud mais nous avons pris confiance avec l’équipage au fil des runs – des sprints sur 2,5 milles – et nous repartons avec le meilleur chrono de tous les bateaux inscrits : un run à 29,5 nœuds de moyenne, dont une pointe à 36,6 nœuds au GPS (ce qui veut dire 38 ou 39 nœuds au speedo) ! C’était incroyable ! Il ne faut pas faire de bêtises et être très concentré dans ces conditions, mais quel plaisir de voir le bateau aller bien au-delà des polaires de vitesse prévues et garder un comportement très sain. Personne ne pensait que nous pourrions atteindre des vitesses pareilles, pas même nous. C’était très intense. Vendredi matin au départ il y avait de l’appréhension et de la tension car c’était la première fois qu’on utilisait le bateau dans ces conditions-là. Mais au fur et à mesure des runs nous avons pris confiance dans la conduite du bateau et je voyais que l’équipage répondait parfaitement, ils ont fait un super boulot ! Il y avait une belle cohésion et une euphorie générale : à la fin du run victorieux on a tous hurlé de joie, aussi bien l’équipage que les invités à bord ! Ce sont des moments géniaux à vivre ! »

Le Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT

« Il donne entière satisfaction. D’autres marins qui avaient navigué dessus dans son ancienne version (ndlr : il s’agit de l’ex-Actual) nous ont dit qu’ils ne l’avaient jamais vu aussi rapide, que ce soit sur le bord où on a le foil mais aussi sur l’autre ! Cela fait plaisir et valide nos choix. Nous avons bien fait de refaire le profil de dérive et de l’alléger un peu cet hiver. On atteint des vitesses bien au-delà des espérances : les architectes nous avaient prédit 12 à 15 % de gain de vitesse et là on est plus sur du 30% ! Nous sommes donc dans le vrai et c’est bon de constater ça. »

Des invités à bord

« A chacune des six courses côtières et sur les deux après-midis de runs de vitesse, nous avons eu des invités à bord (journalistes, clients, partenaires…). Ils ont pu vivre de l’intérieur ce qu’est la régate et les runs de vitesse sur des bateaux pareils, c’est génial. Nous sommes le seul sport à pouvoir proposer ça, c’est une grande chance de pouvoir partager ça. Il n’y a quasiment pas de comparaison possible… ou alors imaginez que vous êtes à l’arrière d’une voiture de rallye de haut niveau pendant une spéciale ! C’est un des ‘plus’ indéniables de la classe Multi50. Les invités ont vécu avec nous ces grands moments… à voir leurs mines réjouies et leur enthousiasme, je pense qu’ils n’ont pas été déçus ! C’était du grand spectacle. D’ailleurs les photographes se sont régalés eux-aussi : il y a des images extraordinaires de ce week-end à Douarnenez… »

La Classe Multi50

« J’ai vu des gens qui œuvrent depuis des années au développement de cette classe qui avaient la larme à l’œil tellement ils étaient émus de voir ce spectacle ! L’arrivée des foils, le fait qu’il y ait maintenant une vraie flotte homogène où on est beaucoup à pouvoir gagner, le spectacle proposé à ces vitesses… tout le monde a conscience que c’est un vrai tournant, dans le bon sens, pour la classe Multi50. Et nous on a le sentiment d’arriver au bon moment, d’être à notre place pour participer à ce développement de la classe. Avec les bateaux en construction, nous allons être très vite huit ou neuf bateaux vraiment compétitifs sur les lignes de départ. C’est génial ! »

En Bref : Recyclage intelligent au bénéfice des Ptits Doudous

Des chocolats RÉAUTÉ étaient distribués à foison sur le village de la course et le public était invité à jeter les emballages dans de grands bocaux gradués installés un peu partout. Plus ces bocaux sont remplis, plus importante est la somme que RÉAUTÉ CHOCOLAT va reverser au profit de l’association les P’tits Doudous. Présidée par Nolwenn Febvre (marraine du bateau), celle-ci œuvre pour le bien-être des enfants hospitalisés devant subir une intervention chirurgicale. L’organisation de la course, les marins et leurs équipes, et le grand public ont tous parfaitement joué le jeu. Si bien d’ailleurs que RÉAUTÉ CHOCOLAT envisage sérieusement de pérenniser cette action bénéfique pour tous, à la fois pour la propreté du village et pour les actions des P’tits Doudous. Bravo à tous !

Armel Tripon : « C’est juste magique ! »

Vainqueur ce week-end du Tour de Belle-Ile pour… 39 secondes devant le Multi50 d’Erwan Le Roux, l’équipage de RÉAUTÉ CHOCOLAT, emmené par Armel Tripon, a parfaitement réussi son entrée en compétition. Première course, première victoire ! Et un système de foils qui fait ses preuves dès sa première sortie, avec des pointes à plus de 30 nœuds dans des conditions de rêve. Que demander de mieux pour une première et juste avant le Grand Prix de Douarnenez qui commence jeudi ?

Armel, revenons sur ce Tour de Belle-Ile disputé finalement samedi, et que vous avez gagné de fort belle manière à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT. Comment s’est passée cette course avec 440 bateaux au départ, dont trois Multi50 ?
« Les conditions étaient exceptionnelles : soleil et 15 à 17 nœuds de vent forcissant à 20 nœuds. Il y avait forcément un peu de stress sur la ligne de départ, avec tous ces petits bateaux. Nous avons choisi de faire un départ prudent, en deuxième rideau, avant de faire parler les chevaux. On s’est rapidement dégagés avec Erwan Le Roux juste devant nous… Et ça a été un match serré avec lui tout le long du parcours, bord à bord ! Erwan était devant nous jusqu’aux Poulains. On l’a passé dans un louvoyage, un choix de bord au large de la côte sauvage vers Kerdonis, à la pointe Sud-Est de Belle-Ile. Il revenait fort dans la baie, mais nous avons réussi à garder ce petit avantage jusqu’au bout et ça se joue à 39 secondes sur la ligne d’arrivée. Première course, première victoire… Et devant celui qui domine la classe Multi50 depuis trois saisons, c’est top ! »

C’était aussi la première compétition avec foil en Multi50. Quel est le bilan de ce point de vue ?

« Juste extraordinaire ! C’est super cool de valider autant de choses sur la toute première course de RÉAUTÉ CHOCOLAT… C’est énorme de valider le foil dès maintenant et c’est une réussite complète pour laquelle il faut féliciter Erwan Le Roux et Lalou Roucayrol qui ont fait prendre ce virage très important à la Classe Multi50. Franchement, c’est une réussite totale ! En plus là on a pu comparer puisque nous n’avions que le foil bâbord et il n’y a pas photo. Sur le bord où le foil est en action on est à 130% de la polaire, c’est à dire la prédiction de vitesse théorique du bateau ! »

Pointes à 30 noeuds…
et on enchaîne à Douarnenez

Ce qui veut dire quel écart de vitesse entre avec ou sans foil ?

« Sur le côté sans foil, on sent que le flotteur pousse de l’eau, mais de l’autre il est aérien, complètement déjaugé, tout comme la coque centrale. C’est exceptionnel ! Par exemple, sur un bord sans foil on pouvait être à 25 nœuds, et sur l’autre dans les mêmes conditions à 28 nœuds et je suis sûr qu’on peut encore faire plus. Dans 20 nœuds de vent, on a fait des pointes à 30 nœuds, j’ai même vu 30,6 nœuds à un moment. C’est juste magique ! Fabuleux. »

Et côté comportement dans la mer ?

« Le bateau est très sain, on a navigué sans forcer, alors qu’il y avait par moment des claques de vent de 20 à 23 nœuds et parfois deux mètres de creux. Nous n’avons eu aucun souci sur le bateau, tout fonctionne. Le système est bien fait et on peut même remonter ou descendre le foil à 15/16 nœuds, on n’est pas obligés de ralentir à 8 nœuds pour ça. C’est parfait.»

Et maintenant vous enchaînez très vite avec le Grand Prix de Douarnenez de jeudi à dimanche…

« Oui, d’ailleurs aujourd’hui mardi nous sommes en convoyage entre La Trinité et Douarnenez. Un convoyage qu’on rend instructifs puisque nous le faisons en compagnie d’Erwan Le Roux et de Lalou Roucayrol, en mode entraînement. On ne rate pas cette occasion de tester encore. Ce sera sympa ce Grand Prix, avec une alternance de courses côtières et de runs de vitesse. En plus on devrait avoir des super conditions là-bas aussi : régime anticyclonique, avec du vent de secteur Est-Nord-Est qui va se renforcer sans doute à 20 nœuds vendredi et samedi… ça va décoiffer ! »

On te sent vraiment très content de cette première expérience…

« Comment ne pas l’être ? Première course et première victoire… Ca valorise le chantier de cinq mois et le travail de toute l’équipe qui a œuvré pour que le bateau soit prêt en temps et en heure. On s’est entrainé, on s’est donné les moyens… ça n’arrive pas par hasard. »

L’équipage de RÉAUTÉ CHOCOLAT vainqueur du Tour de Belle-Ile 2017 :

Armel Tripon, Vincent Barnaud, Loïs Berrehar, Alan Pennanéac’h, Frédéric Denis.

> Ce sera le même équipage à Douarnenez, à l’exception de Didier Levourch qui remplacera Fred Denis.

Armel Tripon met à l’eau son Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT

C’est le grand jour pour Armel Tripon : ce vendredi 7 avril à la Trinité-sur-mer, le Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT est mis à l’eau, après cinq mois de chantier. Le trimaran du skipper nantais sera baptisé officiellement le 20 avril prochain à Nantes. Sa première compétition sera le Tour de Belle-Ile, mais le grand objectif de la saison est la Transat Jacques Vabre, l’automne prochain. Explications avec Armel Tripon, qui fait aujourd’hui son entrée dans le monde passionnant du multicoque océanique.

Armel, RÉAUTÉ CHOCOLAT est mis à l’eau et va être mâté aujourd’hui à La Trinité. Techniquement et symboliquement, c’est un moment important…

« Oui ! Je mets à l’eau le premier multicoque océanique de ma carrière, ce n’est pas rien ! RÉAUTÉ CHOCOLAT va retrouver l’eau, son élément, après une période de travaux conséquente puisque nous lui avons consacré cinq mois de chantier ici, à La Trinité-sur-mer. C’est un bon moment après ce chantier qui a été complexe et par définition un peu stressant. Maintenant, nous allons pouvoir passer à la phase navigation proprement dite, la mise au point sur l’eau et les premières compétitions.»

Dans les grandes lignes, quels sont les travaux les plus importants dont a bénéficié RÉAUTÉ CHOCOLAT cet hiver ?

« La liste est longue, mais pour résumer nous avons commencé par mettre le bateau complètement à nu : nous l’avons entièrement désarmé et désossé. Tout l’accastillage a été démonté, vérifié et remplacé quand nous l’avons estimé nécessaire que ce soit les winches, le gréement, les colonnes, les poulies, toutes les ‘ficelles’ du bord, les filets, etc. Cela nous a permis de refaire entièrement la peinture qui a représenté un gros travail pour tout le team car la préparation et le masquage sont très chronophages, mais le résultat en valait la peine : le bateau est splendide. »

L’électronique et le câblage ?

« Gros dossier également ! Ce poste était identifié comme un des rares points faibles du bateau et, en accord avec mon partenaire, je voulais absolument repartir sur une base saine et fiable. Donc nous avons refait entièrement le câblage et changé tous les équipements électriques et électroniques pour. C’est un autre point très important.»

Les foils : 12 à 15% de gain de vitesse

Et puis il y a eu l’implantation des foils, ces fameux appendices porteurs qui permettent au bateau de s’élever au-dessus de l’eau…

« Bien-sûr. La Classe Multi50 ayant décidé de les autoriser via des foils monotypes – ce qui veut dire que toute la flotte aura les mêmes – nous avons saisi cette opportunité pour faire évoluer le bateau et pouvoir être compétitifs. Le gain de vitesse annoncé est de l’ordre de 12 à 15%. Cela aurait été dommage de ne pas en installer et de regarder partir les petits copains devant nous sur l’eau ! Je ne dis pas que ce chantier a été simple. Le bateau, en fibre de verre, n’ayant pas été conçu pour cela à l’origine, il a fallu énormément le renforcer, de partout, notamment les bras de liaison entre la coque centrale et les flotteurs, et les flotteurs eux-mêmes. Cela représente forcément un devis de poids et il fallait faire attention à respecter les coefficients de sécurité tout en gagnant du poids ailleurs pour compenser. Ils sont solides : capables de supporter des charges de 19 tonnes ! On a beaucoup travaillé là-dessus, notamment avec l’architecte du bateau Guillaume Verdier. Dans la brise, nous devrions être très performants.»

Quel est le programme de cette journée de mise à l’eau et des jours suivants ?

« Nous sortons le bateau du hangar et le mettons à l’eau, nous allons le mâter et faire la jauge (les contrôles de la classe Multi50 ndr) dans la foulée. Puis nous trinquons ensemble ce soir avec mes partenaires et tout le team qui a fait un super boulot pour arriver à ce résultat. Ensuite dès lundi ce sera les premiers bords de navigation, les premiers tests, le réglage des instruments. On va y aller petit à petit, sans tirer sur le bateau, et notre première course sera le Tour de Belle-Ile. »

On imagine que tu as quelques remerciements à adresser…

«J’allais le dire ! En tout premier lieu pour mes partenaires de RÉAUTÉ CHOCOLAT, notamment ses dirigeants Christian et Patrick Buton : si moi je débute dans le monde des multicoques, eux débutent, avec beaucoup d’enthousiasme, dans le sponsoring voile. Pour nous tous c’est une aventure extraordinaire qui commence. J’ai peur d’oublier des gens, mais je voudrais saluer le travail de toute mon équipe qui s’est donnée à fond : mon boat captain Vincent Barnaud ainsi que Mateo Lavauzelle et Jeremy Flahault. Et puis nous avons eu la chance de travailler avec des intervenants extérieurs tous très performants dans leurs domaines respectifs : le chantier JPS, Davy Beaudart qui a fait la peinture ; Tanguy Brodu pour l’électronique ; Nicolas Gilles qui nous a dessiné une déco superbe, l’architecte Guillaume Verdier et d’une manière générale tous ceux qui ont œuvré sur ce joli multicoque, que ce soit au chantier ou chez RÉAUTÉ CHOCOLAT. Un grand merci à tous ! »

L’objectif sportif de cette première saison ?

« Surtout pas de pression de ce côté-là ! L’objectif est de sécuriser le projet au maximum, je n’ai pas du tout envie de brûler les étapes si c’est pour mettre le bateau sur le toit ! Nous sommes d’accord à 100% là-dessus avec RÉAUTÉ CHOCOLAT et nous allons ensemble au moins jusqu’à la prochaine Route du Rhum, en 2018. La classe Multi50, qui propose des multicoques océaniques à budget abordable et reste accessible aux PME connaît un vrai renouveau cette année, avec deux constructions neuves en cours et l’apparition des foils qui vont ajouter de la vitesse et du spectacle. Je pense qu’au départ de la Transat Jacques Vabre nous serons au moins sept Multi50 compétitifs… dont celui de mon ex coéquipier et toujours ami Erwan Le Roux. Ce sera sympa ça aussi… Je pense d’ailleurs qu’Erwan sera présent au baptême du bateau, le 20 avril à Nantes. Ce sera un petit clin d’œil sympa supplémentaire pour commencer l’aventure…»

Vendredi soir, Black Pepper/Les Ptits Doudous a terminé 6e de la Transat Québec Saint-Malo, en manquant de réussite dans la bulle sans vent finale. Reste que l’équipage a réussi une très belle course, en permanence dans le paquet de tête. De bon augure pour Armel Tripon qui cherche des partenaires pour monter d’autres projets de courses au large. Entretien-bilan.

 

Armel, vous terminez 6e de la Transat Québec St Malo. Le final était un peu cruel…

 

« L’arrivée dans très peu de vent ne nous a pas été favorable, ça fait partie de notre sport, il faut savoir l’accepter. Les sept bateaux, dont nous, qui pouvaient encore espérer le podium quelques heures avant l’arrivée se sont retrouvés comme prévu dans une zone sans vent. Au point que nous avons été obligés de mouiller l’ancre par plus de cinquante mètres de fond et dans trois nœuds de courant ! Nous n’avons pas de réussite sur ce coup là et nous terminons 6e de la course. C’est vrai que nous pouvions espérer bien mieux au vu de la régate que nous avions réussie… ceci dit le bilan global reste très positif. »

 

Tu veux dire que pour un équipage semi-amateur, c’est déjà une sacrée performance d’avoir été un des grands animateurs de la course ?

 

« Exactement ! Cette course a été un peu comme un tie-break géant au tennis dans le sens où il y a eu de très nombreux changements de leaders et beaucoup d’incertitude sur l’issue finale. Pour moi il y a eu trois grandes étapes dans cette course : d’abord un très grand parcours côtier dans le Saint–Laurent et jusqu’à St Pierre et Miquelon où nous naviguions avec vue, avec moins de 100 mètres entre les bateaux, parfois beaucoup moins. Ce qui veut dire quatre jours très intenses, où il ne fallait rien lâcher à bord. Là, nous nous en sommes très bien sortis, puisqu’à un moment nous étions en tête de la course et toujours dans le bon groupe, en permanence entre la première et la quatrième place. »

 

Ensuite il y a eu la traversée de l’Atlantique proprement dite…

 

« Oui, là on s’attendait plus à une course de stratégies différentes, relativement éloignés les uns des autres… et en fait nous sommes restés au contact quasiment en permanence ! Sur cette phase-là, nous avons été handicapés car nous n’avions plus de réception de données météo et plus non plus de capteur de vent. Cela nous a évidemment pénalisés sur la conduite optimale du bateau. Du coup ce n’était vraiment pas évident de naviguer avec toujours la bonne configuration de voiles au bon moment, on s’en rendait compte notamment quand Generali est revenu sur nous à plusieurs reprises. »

 

La troisième phase c’est l’entrée en Manche ?

 

« Oui, c’était assez fou car les 150 derniers milles s’apparentaient à une étape de la Solitaire du Figaro, dans le sens où dans le groupe de tête s’est retrouvé dans un mouchoir de poche avec du courant, très peu de vent, beaucoup d’algues dans la quille et les safrans à gérer. J’ai même du plonger au petit matin pour enlever des algues. A 6h00 du matin, ce genre d’exercice réveille un peu ! Et puis là, on a clairement manqué de réussite. La meilleure preuve c’est que Generali, avec qui on a navigué bord à bord pendant quasiment toute la course, termine 2e et nous 6e. Il y a donc forcément une pointe de déception sur le résultat comptable final, mais en même temps nous n’avons pas du tout à rougir de notre course. »

 

A bord de Black Pepper/Les Ptits Doudous tu étais le seul des quatre membres d’équipage a avoir beaucoup d’expérience au grand large…

 

« Loïs (Berehar), Alex (Krausse) et Burkhard (Keese) se sont vite adapté et ont largement compensé leur peu de vécu au large par une grande envie, une grande motivation. Et l’ambiance à bord a été super du début à la fin ! »

 

Et maintenant ?

 

« Après la déception sur The Transat, c’était important pour moi de revenir à un tel niveau de compétition. C’est très bon pour le moral et ça me motive d’autant plus pour aller chercher des partenaires et pouvoir ainsi monter d’autres projets de course au large. A propos, mon numéro de téléphone est inchangé : 06 09 97 20 18 !»

 

Nous sommes arrivés finalement 6eme à la tombée du jour, avec les
derniers souffles nous permettant de franchir la ligne juste devant Phil
Sharp sur Imerys. La déception de voir le podium s’envoler dans la
journée sur un coup de malchance est vite oubliée et j’ai envie de ne
retenir que l’intensité de cette bagarre intense au coude à coude dans
le peloton de tête du début à la fin de cette Quebec Saint Malo ». Plus
de 10,5 nœuds de moyenne sur 3100 milles express sur l’Atlantique Nord.image1

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Les deux derniers jours de course vont être cruciaux sur la Transat Quebec St Malo. Un regroupement et un véritable sprint pour les 100 derniers milles ne sont pas à exclure dans la nuit de jeudi à vendredi, à quelques heures de l’arrivée. « Black Pepper/Les Ptits doudous », 5e, a concédé un peu de terrain. Mais l’équipage franco-allemand d’Armel Tripon est toujours à la lutte pour les places d’honneur. Et tout peut arriver.

 

«On devrait arriver à Saint-Malo vendredi soir, mais d’ici là tout est possible ! Aller chercher la victoire sera difficile maintenant, mais tout est possible de la 2e à la 8e place. Il va falloir être lucide pour les 100 derniers milles, alors que là nous en avons encore un peu plus de 400 à parcourir. » Tout est dit ou presque par Armel Tripon : cette Transat Quebec-Saint Malo est loin d’avoir livré son verdict alors qu’il ne reste plus que deux jours de mer à couvrir pour gagner les remparts de la cité corsaire !

 

Une bulle sans vent à hauteur de Ouessant ?

 

Car voilà : pour l’heure il y a du vent « on a encore 20 noeuds, on cavale entre 12 et 15 noeuds, sous spi » explique Armel, « on devrait avancer encore très bien jusqu’à la longitude de Ouessant, mais au fur et à mesure qu’on va entrer en Manche on va buter dans du vent faible – voire très faible – dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est pour ça que je dis que tout est possible. On devrait recoller un peu, nous ne sommes qu’à une dizaine de milles du deuxième. Et après, on verra bien qui réussira à se sortir le mieux de cette bulle sans vent… »

 

Le moral est toujours au beau fixe à bord de Black Pepper/Les Ptits doudous par Moulin Roty », d’autant qu’enfin l’équipage aperçoit le soleil et que les températures remontent après une traversée de l’Atlantique express mais glaciale. « Après huit jours dans le gris, ça fait beaucoup de bien de revoir un rayon de soleil, ça sent l’écurie ! », confirme Armel, qui avoue avoir « grand besoin d’un peu de repos » et assure « je vais essayer de faire des petites siestes plus régulières d’ici la nuit de jeudi à vendredi qui va être décisive ».

Wait and see et nous verrons bien vendredi quel sera le résultat de cette course folle dont Black Pepper a déjà été un des grands animateurs. Mercredi soir, ils faisaient partie d’un trio de bateaux naviguant dans un mouchoir de poche, à la lutte pour la troisième place du classement provisoire. Mais huit Class40 au total peuvent encore espérer le meilleur à Saint-Malo, il faudra donc aussi du talent dans le vent faible… et un peu de réussite.