C’est fait, Armel a réussi son pari de boucler la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. A bord de son trimaran Les P’tits Doudous, le vainqueur 2018 prend cette fois la cinquième place en Ocean Fifty. Armel l’avait dit et répété : l’objectif était de réussir à boucler cette Route du Rhum. C’est chose faite : il a franchi la ligne à 10h53 18′ locale (15h53 18′ heure de Paris) ce lundi 21 novembre, après 12 jours, 1 heure 38 minutes et 18 secondes seul en mer depuis le départ de Saint-Malo. Interview.
Armel, quels sentiments t’animent après avoir réussi à boucler cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022, ce qui était un sacré défi pour toi et toute l’équipe des P’tits Doudous ?
« C’est bouclé et c’est une énorme satisfaction ! Déjà, c’est une joie d’atteindre la Guadeloupe, de voir cette île se dessiner au petit matin, dans des paysages fabuleux. L’île apparait d’abord toute noire puis le jour s’est levé et le noir s’est transformé en vert, en émeraude, les odeurs de la terre sont arrivées… C’est un moment fantastique à vivre. »
Tu en termines avec le sentiment du devoir accompli ?
« Je ressens beaucoup de satisfaction d’avoir amené ce bateau au bout, d’autant que c’est la première fois qu’il termine une transatlantique en solitaire ! Je pense qu’on a relevé un gros challenge avec toute l’équipe. En avril dernier, on chavirait. Il y avait aussi un trou dans le budget et nous n’avions plus de mât… On a réussi à se relever de ça ! C’était déjà très beau de réussir à être au départ de cette Route du Rhum, après avoir réussi à nous fabriquer un mât. Parvenir à terminer la course était le premier des objectifs, l’objectif principal même. C’est fait et c’est une joie, une belle émotion et une grande satisfaction. »
« J’assume totalement d’avoir assuré »
En mer, tu as assuré le coup ?
« J’ai toujours dit que l’objectif était de finir, de ne pas prendre de risque, d’abord de réussir à traverser. J’assume totalement d’avoir assuré, d’avoir pris le moins de risques possible. Le chavirage de Thibaut (Vauchel-Camus) a un peu cassé ma dynamique du début de course. Après cet épisode, j’ai manqué une transition météo et les écarts se sont creusés. Pour moi, il y a eu un peu deux courses dans la course, avant et après le chavirage de Thibaut. A partir du moment où j’ai eu 200 milles de retard au leader, j’ai décidé d’assurer au maximum et encore une fois je l’assume complètement. La place ne changeait pas grand-chose à l’histoire, ce qui comptait c’était de réussir à arriver à Pointe-à-Pitre.»
On te sent heureux…
« Mais oui ! Je suis très content d’être là ! Au vu de notre très peu de temps de préparation et d’entrainement avant le départ, c’est super de réussir ça. Pas seulement pour moi, mais aussi pour toute l’équipe, pour Les P’tits Doudous, pour Nolwenn (Febvre, qui a créé les P’tits Doudous ndr) à qui je veux rendre hommage. Pour tous les soignants qui se battent. Plein de gens ont mis une énergie incroyable dans ce projet pour qu’il aboutisse et je trouve que c’est une belle récompense pour tout le monde. Et puis, il y avait de la fragilité financière aussi car j’étais cette fois armateur du bateau. Nous n’avions pas le droit de ne pas arriver à terminer la course… mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire ! »
Et maintenant, que vas-tu faire ? Un peu de repos en Guadeloupe ?
« C’est particulier car j’ai peu de temps avant de reparti en mer. Je pense qu’il y aura une petite fête ce soir, mais ensuite il faudra vite prendre du repos, oui. Celui-ci sera de très courte durée car nous devons repartir avec le bateau en convoyage retour vers la Bretagne dès samedi. Donc je vais commencer par dormir un peu… Et puis je vais profiter du fait de pouvoir enfin vivre debout car pour être honnête j’en ai un peu marre de vivre assis ou à quatre pattes dans le bateau (rires) ! »