Armel Tripon : « Je fais gaffe… »
RÉAUTÉ CHOCOLAT n’est plus qu’à 1200 milles de l’arrivée à Pointe-à-Pitre, prévue dans la nuit de mercredi à jeudi. Armel Tripon a encore augmenté son avance aujourd’hui : 360 et 370 milles sur Thibaut Vauchel-Camus et Erwan Le Roux, respectivement deuxième et troisième. L’alizé s’est renforcé et il faut « faire gaffe » dit Armel… qui n’oublie pas de rendre hommage à Francis Joyon et François Gabart, les deux seuls marins déjà arrivés à Pointe à Pitre au terme d’un final à grand suspense.
Armel, as-tu pu suivre l’arrivée des deux Ultimes ?
« Oui, quel finish de fous ! C’est évidemment très cruel pour François. Mais il est jeune, il en a déjà gagné plein et il en gagnera encore beaucoup d’autres. Et il ne faut pas oublier que c’est déjà un exploit qu’il ait réussi à emmener son bateau blessé de l’autre côté ! Il ne faut pas oublier de le féliciter. Quant à Francis, quel immense marin ! Faire ça la soixantaine passée, avec une toute petite équipe technique et mener son bateau comme il l’a fait, c’est beau. J’ai un immense respect pour ce grand Monsieur de la course au large. C’est une légende, Francis ! Et puis quand je le vois, je me dis que si je persévère aussi, je peux avoir une belle vingtaine d’années devant moi sur des bateaux à voiles, ça m’arrange ! »
Revenons à ta course…
« L’alizé s’est renforcé comme prévu et on continue d’engranger les milles. C’est bien. Je me suis bien reposé pour attaquer cette partie du parcours, parce qu’il faut encore plus de vigilance vu que le vent se renforce et devient moins stable. Il faut faire gaffe et je fais gaffe… »
Comment ?
« Là, j’ai mis le petit gennaker de capelage, une voile pour le vent portant moins grande, pour résumer. C’est plus sage. Mais pour donner un exemple, avec mes routeurs on a décidé de ne pas aller chercher des vitesses au-delà de 20 nœuds. J’essaie de respecter cette limite-là, alors qu’en prenant un petit peu plus de risques, je pourrais tartiner à 25 ou 26 nœuds. Mais c’est plus sage d’en garder sous le pied, la grande question est de rester lucide et le plus reposé possible. Pour le moment c’est mon cas. »
Avec tes concurrents relativement loin maintenant, est ce que la possibilité d’arriver troisième au scratch en Guadeloupe est une motivation de plus ?
« La course n’est pas finie déjà mais oui, il est hors de question que je finisse derrière l’Anglais (rires) ! (ndr : Armel évoque le leader en monocoque IMOCA, Alex Thomson qui évolue une centaine de milles derrière lui.) Je plaisante, mais plus sérieusement je me donne ça comme petit objectif, pour pimenter un peu le jeu. Mais je n’oublie pas évidemment la priorité qui est bien d’essayer de la gagner cette Route du Rhum. Et l’arrivée entre Francis et François prouve qu’il vaut mieux avoir un solide matelas d’avance, d’autant que pour moi aussi on se dirige probablement vers une arrivée de nuit et que le tour de l’île peut donc également être compliqué. »
Et à part ça la vie est belle à bord de RÉAUTÉ CHOCOLAT ?
« Le comportement du bateau m’impressionne toujours autant. C’est beau comme il glisse. C’est vraiment un super bateau ! Je viens de me faire un couscous, je prends soin de ma petite personne… et il commence à faire vraiment chaud ! »