Armel Tripon : 400 milles d’avance à 900 milles du but
Réauté Chocolat a franchi ce mardi matin à 5h30 le jalon symbolique du dernier millier de milles à couvrir avant l’arrivée à Pointe à Pitre, prévue jeudi. Son avance a encore augmenté : plus de 400 milles à 900 milles du but ! Reste 48 heures de concentration intense à assurer pour, on l’espère, aller chercher une immense victoire aux Caraïbes.
Tous les voyants sont au vert pour le skipper du Multi50 Réauté Chocolat ! Calé sur la route directe, chaque mille parcouru sur la surface de l’Atlantique est efficace vers l’arrivée avec l’indicateur que les coureurs au large adorent : une VMG à 100% (velocity made good). Ce matin par exemple, il est flashé encore à 19 nœuds de vitesse surface et au même chiffre en VMG. C’est juste parfait et si on n’a pas pu le joindre en mer, on l’imagine toujours aussi serein. Il faut bien l’avouer, son avance est maintenant très confortable, avec des adversaires qui ont grosso modo deux fois plus de chemin à parcourir que lui pour avoir droit à leur premier verre de Rhum aux Caraïbes.
48 heures pour… gagner !
« Encore faut-il arriver » tempérait Armel hier, toujours prudent dans un alizé forcément plus instable avec la température qui augmente. Gare aux surventes, aux éventuels grains… surtout ne pas se relâcher et rester concentré. Le multicoque en solitaire est un exercice de haute voltige mais surtout qui exige de ne jamais relâcher son attention une seule seconde. Francis Joyon et Françis Gabart ont bien expliqué, après leur arrivée d’anthologie, qu’ils ont passé la semaine les écoutes à la main en permanence, afin d’être près à choquer si le bateau lève trop la patte. Armel Tripon nous le répétait encore hier – « je fais gaffe… » – juste après avoir pris la sage décision d’utiliser une voile de portant plus petite (le gennaker de capelage) afin de limiter les risques. Ne pas aller chercher les trop hautes vitesses, ne pas se mettre en danger inutilement, bien gérer l’avance sans être trop gourmand…
Reste le bonheur, la glisse et forcément l’impatience d’arriver – dans la journée de jeudi – après le dernier obstacle que sera le tour de l’île de la Guadeloupe et ses dévents parfois traitres pour le marin fatigué. Reste encore la motivation d’essayer d’être le troisième bateau à arriver en Guadeloupe derrière les deux monstres Francis Joyon et François Gabart. Le premier IMOCA, celui d’Alex Thomson, est logiquement le seul à pouvoir lui contester cet honneur. Depuis 24 heures, l’écart entre eux est stabilisé à environ 130 milles au profit de Réauté Chocolat. Mais il ne faut pas se tromper : ce n’est qu’anecdotique car le grand enjeu c’est bel et bien de conclure en beauté en allant chercher une sublime victoire en Multi50, seule classe au passage où il n’y a eu aucun abandon pour le moment. Pour ça, pour gagner, Armel doit assurer encore pendant 48 heures, continuer à être très, très bon. C’est le cas depuis le départ de Saint-Malo. Pourvu que ça dure !